Soins de support et gestion des toxicités : que permet le numérique ?

Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles enrichir l'offre en soins de support proposée aux patients en oncologie et contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements pour améliorer leur qualité de vie ?

Claire Morrow
Content Manager, Resilience
Interview Dr Di Palma

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Interview Dr Di Palma

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Interview Dr Di Palma
VIDÉO TÉMOIGNAGE

Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Soins de support et gestion des toxicités : que permet le numérique ?

Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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ÉTUDE DE CAS

Soins de support et gestion des toxicités : que permet le numérique ?

Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Soins de support et gestion des toxicités : que permet le numérique ?

Parce qu’ils contribuent à améliorer la qualité de vie des patients mais également leur survie 1, les soins de support constituent un pilier incontournable de la prise en charge des patients atteints de cancer. Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est d’ailleurs un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans le même temps, l’essor des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives : les solutions digitales constituent une voie innovante complémentaire pour enrichir la prise en charge proposée aux patients.

 

Mais que sont les soins de support ? Comment sont-ils aujourd’hui intégrés dans les parcours de soins ? Quelles avancées avons-nous observé ces dernières années ? Le recours aux nouvelles technologies doit-il être envisagé en complément de la prise en charge dite standard ? Dans quelles mesures les solutions digitales peuvent-elles contribuer à une meilleure prise en compte des toxicités liées aux traitements ?

 

Le Dr Di Palma, oncologue médical à Gustave Roussy et vice-président de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) nous apporte son éclairage sur le sujet dans cette interview issue de notre conférence « Soins oncologiques de support : que permet le digital ? ». Merci à lui pour sa précieuse intervention.

 

Pourriez-vous définir ce que sont les soins de support ?

Les soins de support peuvent être définis de différentes manières. Pour ma part, je me réfère principalement à la définition proposée par L’Institut National du Cancer 2. Sont considérés comme soins de support : le soutien psychologique, le soutien nutritionnel, le traitement de la douleur, le soutien social. Les soins palliatifs ainsi que la gestion des toxicités liées aux traitements sont associés à la notion de soins de support 3.

 

Au-delà de ces soins de support, il existe bien entendu d’autres pratiques qui peuvent être intéressantes pour le patient. Mais il est important de rappeler que les soins de support cités ici font l’objet d’études extrêmement précises depuis une dizaine d’années. Il a notamment été démontré que le fait de proposer aux patients le meilleur traitement possible associé à ces soins de support en particulier améliore leur qualité de vie et leur survie 1. Cela signifie qu’il n’y a pas d'un côté les personnes qui traitent la maladie, et, de l’autre, des personnes qui prennent soin des patients : tout ça, c'est la même chose.

 

 

Qu’est-ce qui a permis la reconnaissance des soins de support ?

La notion de supportive care existe depuis très longtemps. En témoigne la Multinational Association of Supportive Care Cancer (MASCC) qui existe depuis plus de 20 ans. En France, le terme « soins de support » apparaît de façon officielle dans le premier Plan Cancer. Puis, en 2022, la publication des décrets n°2022-689 et 2022-693 applicables à compter de juin 2023 ont considérablement fait avancer les choses. Désormais, seuls les établissements de santé organisant l'accès aux soins de support sont autorisés à prendre en charge les personnes atteintes de cancer.

 

Aujourd’hui, la nécessité de proposer aux patients un accompagnement en soins de support est d’autant plus forte. D’énormes progrès ont été réalisés, de nouvelles thérapeutiques voient le jour et les traitements qui en découlent peuvent s’avérer extrêmement toxiques. Enfin, le nombre de personnes atteintes de cancer augmente et une amélioration de la survie de ces patients est constatée. Les outils numériques sont à ce titre un rôle très important à jouer.

 

 

Les outils numériques permettent-ils de renforcer la qualité des soins de support proposés et de faciliter leur inclusion dans le parcours de soins des patients ?

Bien entendu. On parle beaucoup - et à juste titre - des inégalités en santé. Certes, certaines personnes n’ont pas accès au numérique. Il est donc essentiel de travailler sur cette problématique pour les accompagner de façon optimale afin de ne pas générer de nouvelles inégalités. Pour autant, pour toutes celles et ceux qui accèdent aux technologies numériques, le fait de disposer d’outils digitaux permet de faire du suivi à distance et d'apporter les compétences au plus grand nombre.

 

Nous l’avons également mentionné : l’accès aux soins de support améliore la survie. En parallèle, des études américaines - et notamment celle menée par Ethan Basch sur des patients sous chimiothérapie intraveineuse 4 - montrent que l’utilisation des outils numériques dans le cadre du dépistage et de la prise en compte des toxicités liées aux traitements permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais également leur survie.

 

Par ailleurs, à Gustave Roussy, une étude a été menée avec des patients traités par thérapeutique orale pour un cancer 5. Celle-ci n’a pas permis de montrer d’amélioration de la survie des patients du fait de populations trop hétérogènes. Et, de ce fait, ce n'était d'ailleurs pas l'un des objectifs de l'étude. Mais elle a permis de comparer le suivi des patients dit standard au suivi via un outil numérique, accompagné par des infirmiers de coordination. Cela a permis de mettre en lumière l’amélioration de la qualité de vie des patients et notamment le vécu de la maladie, mais également l’amélioration de la Dose Intensité Relative (ou RDI). Or, pour qu’un traitement soit efficace, encore faut-il qu’il puisse être donné dans de bonnes conditions. De fait, lorsqu’on administre aux patients des doses qui leur correspondent, on a davantage de chances d’être efficace. Cette étude a également démontré une diminution du nombre d’hospitalisations et du recours aux urgences, ainsi qu’une réduction significative des toxicités sévères, c'est-à-dire de grade 3 et 4.

 

Aujourd’hui, la France est l’un des premiers pays à rembourser les outils numériques de suivi et reconnaît par ailleurs la fonction de coordination comme étant essentielle. Cela constitue une avancée majeure pour nos patients. Recourir aux outils numériques pour faciliter la prise en charge globale des patients et l’accès aux soins de support, ou pour dépister et prendre en compte de façon précoce les toxicités ne donne plus lieu à discussion. La question n’est plus de se dire : « est-ce bénéfique pour les patients, est-ce qu’il faut y aller ? » mais plutôt « comment y aller ? ». Il faut réfléchir à la façon dont on intègre ces nouveaux outils aux parcours de soins des patients. 

 

 

Vous évoquez l’importance des soins de support et le rôle essentiel des infirmiers de coordination. Selon vous, est-il nécessaire d’envisager la formation des médecins à ces disciplines ?

Je pense qu’en première intention, n'importe quel oncologue doit être capable de mettre en place une première ligne de soins de support. Cela signifie que nous devons tous être capables de prescrire un antalgique opioïde, ou encore de donner un médicament pour éviter les nausées et vomissements. Nous apportons également un soutien psychologique aux patients. Mais il arrive que l’on ait besoin de faire appel à des spécialistes. Dans ce cadre, nous devons être capables d’organiser ce recours aux soins de support et d’identifier les patients qui vont en avoir besoin. Par conséquent, il faut poursuivre la formation des équipes médicales et soignantes aux soins de support : ces derniers font partie de la prise en charge standard d’un patient. 

 

 

Aujourd’hui, quels sont les moyens mis à disposition des établissements pour développer ces soins de support ? 

En France, les moyens financiers octroyés permettent notamment la création d’hôpitaux de jour et de consultations spécialisées. Toutefois, cela signifie que les patients doivent venir à l'hôpital et honnêtement, les patients en ont ras-le-bol de venir à l'hôpital : tous nous le disent.

 

Par ailleurs, beaucoup de nouveaux traitements sont désormais administrés à domicile. C’est notamment le cas des thérapies orales où, de fait, les traitements se font à domicile. Depuis 30 ans, la France témoigne d’une volonté politique de développer les soins à domicile. Par conséquent, nous n’allons pas demander aux patients de revenir à l’hôpital si nous pouvons l’éviter.

 

Les infirmiers de coordination peuvent faire le lien avec les patients, mais aussi avec l'entourage des patients et des professionnels de santé libéraux (le médecin traitant, l’infirmier libéral, le pharmacien d'officine) qui jouent évidemment un rôle important. Dans ce contexte précis, les patients nous le disent : l'outil numérique permet de maintenir ce lien. Il y a également cette idée sous-jacente selon laquelle l’outil numérique va nous permettre de ne pas aller déranger les patients qui vont bien, si j’ose dire. Quand un patient va bien, nous sommes en mesure de l’identifier. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s'occuper de lui. Mais le fait de lui donner la possibilité de nous alerter en cas de problème via le numérique nous permet de réagir rapidement et d’éviter une aggravation de son état de santé. 

 

 

Des études sont menées sur les outils de télésurveillance médicale. Que démontrent les travaux de recherche relatifs aux soins de support ?

Il existe deux grandes catégories d’études : tout d’abord, les études menées sur les soins de support tels que je les ai définis précédemment. Diététiciens, médecins nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychiatres, psychologues, médecins de soins palliatifs mènent chacun dans leur discipline des travaux qui contribuent à faire évoluer les choses.

Par exemple, tout un travail est à réaliser autour de la prise en charge des patients qui ont, au-delà des problématiques psychologiques, des problématiques psychiatriques. Pour ces patients, la question des interactions médicamenteuses est un sujet qu’il est nécessaire d’adresser.

 

Il existe un deuxième aspect à prendre en compte qui est peut-être pour moi le plus important : il s’agit de la gestion des toxicités. Aujourd’hui, tout va très vite. En trois ans, il est possible d’avoir un médicament disponible pour les patients. Lorsque j’étais interne, il fallait quinze ans. Quand un médicament voit le jour, notre devoir est d’accompagner sa mise à disposition et de gérer les toxicités associées. Si un médicament permet d’améliorer le scanner et le marqueur d’un patient mais que les effets secondaires empoisonnent sa vie quotidienne, nous ne lui aurons pas rendu service. Lorsque cela arrive, le patient nous dit : certes, mon marqueur diminue, mon scanner s’améliore. Mais ma qualité de vie est totalement dégradée et cela est intenable. D’où la nécessité d’insister sur le fait que l’on ne peut pas faire de développement thérapeutique et mettre au point des traitements efficaces si l’on met de côté les impacts sur les toxicités, la qualité de vie et la vie quotidienne des patients.

Cette idée commence à être entendue et nous travaillons notamment avec des collègues qui font du développement thérapeutique. Nous portons désormais notre attention non seulement sur l’efficacité, mais également sur la tolérance aux traitements. 

 

 

Existe-t-il une frontière entre les soins de support et la gestion de la fin de vie ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de frontière. La situation palliative, c’est-à-dire le moment où l’on n’a plus de traitement pour guérir la maladie ou même agir sur la maladie ne veut pas dire qu'on laisse tomber les patients. La situation palliative, la fin de vie sont des moments toujours difficiles. Et cela peut s’avérer d’autant plus difficile si ces situations ne sont pas anticipées.

 

Plus la notion de soins de support est intégrée, plus la parole des patients va pouvoir être libérée. Les patients vont ainsi pouvoir exprimer leurs difficultés, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales. Et de fait, il sera peut-être un peu moins difficile d’aborder la phase palliative dans ce cadre-là. Il s’agit d’un vrai continuum. Notre travail consiste aussi à anticiper la fin de vie lorsque c’est possible. Une bonne prise en charge globale permet peut-être que cela soit un peu moins compliqué pour le patient, son entourage et les équipes de soins lorsque celui-ci se trouvera en situation de toute fin de vie. 

 

 

Quel rôle peuvent jouer les associations de patients dans le développement des soins de support, et notamment des soins de support digitaux ?

Les associations de patients ont un rôle capital à jouer. Nous parlons ici d’outils qui vont être utilisés par des patients, il est donc indispensable de les développer avec ces derniers. Concernant l’application à laquelle nous recourons aujourd’hui, les patients sont effectivement sollicités et consultés dans le cadre du développement des programmes de soins de support qui sont mis à leur disposition dans l’outil.

 

D’ailleurs, le rôle des patients et des associations de patients ne se limite pas qu’aux soins de support : ils ont également un rôle crucial à jouer dans le développement thérapeutique, dans l’évaluation des médicaments et dans la gestion des toxicités, entre autres.

 

 

Au-delà des soins de support digitaux, pensez-vous que les outils numériques et notamment les solutions de télésurveillance pourraient s’intégrer dans le cadre d’essais décentralisés afin de faciliter l’accès aux essais cliniques ?

Probablement, oui ! Les outils numériques font d’ores et déjà évoluer la recherche clinique. Ils nous permettent d’accéder aux patients en temps réel, d’analyser leurs réponses aux questionnaires. Nous avons les moyens d’être beaucoup plus réactifs, en particulier dans le cadre des essais précoces. Aujourd’hui, pour faire de la recherche clinique et pour qu’un patient ait accès à la recherche clinique, il doit être pris en charge par un centre labellisé. La recherche décentralisée, c’est finalement être capable d’avoir un centre de proximité qui serait rattaché à un centre de référence labellisé.

 

Le numérique peut permettre la mise en place d’essais décentralisés. Cela nécessite que l’on y travaille en restant attentifs en priorité à la sécurité des patients, et donc au respect des contraintes réglementaires, qui sont là pour les protéger. Cette précaution respectée, il est vraisemblable que les outils numériques facilitent l’accès aux essais cliniques et à l’innovation. Il y a d’ailleurs beaucoup d’associations de patients qui revendiquent aujourd’hui l’accès aux essais cliniques. Il s’agit d’un sujet majeur.

 

Pour poursuivre la réflexion, nous vous invitons à consulter notre livre blanc dédié aux soins oncologiques de support et au potentiel des solutions digitales.

 

 

Sources

1. Temel, J. S., Greer, J. A., Muzikansky, A., Gallagher, E. R., Admane,S., Jackson, V. A., Dahlin, C. M., Blinderman, C. D., Jacobsen, J., Pirl, W.F., Billings, J. A., & Lynch, T. J. (2010). Early palliative care for patients with metastatic non–small-cell lung cancer. New England Journal ofMedicine, 363(8), 733-742. https://www.dgpalliativmedizin.de/images/stories/Temel_Early_Palliative_Care_NSCLC_NEJM2010.pdf

 

2. Institut national du cancer.Soins de support dans le parcours de soins. e-cancer, https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Parcours-de-soins-des-patients/Soins-de-support-dans-le-par-cours-de-soins. Consulté le 17/05/2024

 

3. Direction générale de l'offre de soins, & Institut National du Cancer. (2017). Instruction n°DGOS/R3/INCa/2017/62 du 23 février 2017 relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer.

 

4. Basch E, Deal AM, Dueck AC, et al. Overall Survival Results of a TrialAssessing Patient-Reported Outcomes for Symptom Monitoring During Routine Cancer Treatment. JAMA. 2017;318(2):197–198. doi:10.1001/jama.2017.7156 - https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2630810

 

5. Mir, O., Ferrua, M., Fourcade, A. et al. Digital remote monitoring plus usual care versus usual care in patients treated with oral anticancer agents: the randomized phase 3CAPRI trial. Nat Med 28, 1224–1231 (2022).https://doi.org/10.1038/s41591-022-01788-1

 

 

 

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Soins oncologiques de support : que permet le digital ?
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Offrir un accompagnement en soins de support aux patients en oncologie est un enjeu majeur pour les établissements de santé. Dans quelles mesures l'usage du digital permet-il d'enrichir la prise en charge proposée aux patients ?

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Offrir un accompagnement en soins de support aux personnes atteintes de cancer est un enjeu majeur pour les établissements de santé. Aujourd’hui, les solutions digitales constituent une voie innovante pour répondre à ce besoin et enrichir la prise en charge proposée aux patients.

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