De l'implémentation à l'usage de la télésurveillance médicale
Interopérabilité, prise en main de l'outil, inclusion des patients, gestion des alertes : quel mode opératoire adopter pour faciliter le déploiement de la télésurveillance médicale et en faire un projet d'équipe ? Le Centre Hospitalier de Valenciennes témoigne.
En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
Pour faciliter l'implémentation et le déploiement de la solution et accompagner au mieux les différentes parties prenantes du projet, les défis identifiés sont les suivants :
- Garantir l'intéropérabilité de la solution avec le Système Informatique Hospitalier (SIH)
- Impliquer les équipes soignantes et favoriser leur adhésion au projet
- Tenir compte du contexte organisationnel et du temps que chacun peut consacrer au déploiement de la solution
- Faciliter la prise en main pour ses futurs utilisateurs
Découvrez dans cette étude de cas quel mode opératoire a été emprunté pour permettre le déploiement optimal de la télésurveillance médicale en routine.
En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
Pour faciliter l'implémentation et le déploiement de la solution et accompagner au mieux les différentes parties prenantes du projet, les défis identifiés sont les suivants :
- Garantir l'intéropérabilité de la solution avec le Système Informatique Hospitalier (SIH)
- Impliquer les équipes soignantes et favoriser leur adhésion au projet
- Tenir compte du contexte organisationnel et du temps que chacun peut consacrer au déploiement de la solution
- Faciliter la prise en main pour ses futurs utilisateurs
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En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
Pour faciliter l'implémentation et le déploiement de la solution et accompagner au mieux les différentes parties prenantes du projet, les défis identifiés sont les suivants :
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- Tenir compte du contexte organisationnel et du temps que chacun peut consacrer au déploiement de la solution
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En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
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En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
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De l'implémentation à l'usage de la télésurveillance médicale
En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
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De l'implémentation à l'usage de la télésurveillance médicale
En 2021, le Centre Hospitalier de Valenciennes décide de recourir à la télésurveillance médicale et de l’intégrer aux parcours de soins en oncologie au sein de l’hôpital de jour. L’adoption d'un outil de télésurveillance nécessite un réel accompagnement des équipes soignantes et la conduite du changement à mener est un enjeu majeur.
Pour faciliter l'implémentation et le déploiement de la solution et accompagner au mieux les différentes parties prenantes du projet, les défis identifiés sont les suivants :
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Intégration de la télésurveillance médicale aux parcours de soins, réorganisation interne, accompagnement dans la prise en main de l’outil… Comment faciliter l'adhésion des patients et des professionnels de santé à la télésurveillance médicale ?
Depuis décembre 2023, la solution de télésurveillance médicale Resilience est déployée au sein du service oncologie et chimiothérapie en ambulatoire de l’Hôpital Européen Marseille. Les patients accueillis dans ce service peuvent ainsi prétendre à ce nouveau mode de prise en charge, en complément de leur suivi classique. Depuis son lancement, 584 patients1 ont pu bénéficier de la télésurveillance et 486 patients1 sont actuellement télésuivis.
Impliquée dans le projet en amont de son déploiement, Elodie Jégou, cadre infirmier du service, pilote l’activité de télésurveillance médicale aux côtés d’une infirmière, d’un infirmier de coordination (IDEC), en concertation avec les médecins du service.
Intégration de la télésurveillance médicale aux parcours de soins, réorganisation interne, accompagnement des patients dans la prise en main de l’outil… Elle revient avec nous sur le déploiement opérationnel de Resilience, et met en lumière les facteurs qui ont facilité l’adhésion des patients et des professionnels de santé à la solution. Merci à elle pour son précieux témoignage !
À l’échelle de l’établissement, de nombreux acteurs ont été mobilisés au cours du déploiement de la télésurveillance médicale, et même bien avant ! Qui sont-ils et quelles sont leurs missions ?
Tout d’abord, la Direction, la responsable E-santé de l’hôpital, la cheffe de pôle oncologie et moi-même nous sommes investies dans le projet dès septembre 2023, soit trois mois avant le déploiement de la solution. Nous avons travaillé main dans la main avec l’équipe Resilience pour définir le cadre du projet et réfléchir à la façon dont nous allions présenter la solution aux médecins et aux soignants. Ensemble, nous avons identifié les critères d’inclusion des patients au dispositif de télésurveillance médicale. Nous avons également étroitement collaboré avec l’équipe informatique de l’Hôpital Européen Marseille, qui a permis l’implémentation de la solution au sein du parc informatique de l’établissement.
Aujourd’hui, 19 médecins prescripteurs sont engagés dans le projet et trois personnes sont mobilisées sur les activités liées à la télésurveillance au quotidien, en coordination avec les équipes médicales. L’infirmière assure l’inclusion des patients et le traitement des alertes et l’infirmier de coordination utilise les retours des patients aux questionnaires de télésurveillance pour la pré-validation des cures de chimiothérapie. Pour ma part, j’interviens sur l’ensemble des activités relatives à la télésurveillance.
Pour soutenir cette activité, la Direction a rapidement accepté de déployer un mi-temps dédié à la télésurveillance. Depuis mars 2024, l’infirmière consacre toutes ses matinées à l'inclusion des patients et au traitement des alertes. L'après-midi, nous assurons la continuité du traitement des alertes avec l'infirmier de coordination. Ce fonctionnement permet aux équipes médicales de proposer la télésurveillance à tous les patients du service, qu’ils soient sous traitement intraveineux ou thérapie orale.
Nous sommes également épaulés par les équipes infirmières. Très impliqués dans le projet, tous les infirmiers disposent d’un accès à la solution et peuvent ainsi contribuer quand cela est nécessaire, notamment en fin de vacation. Les médecins sont mobilisés à leurs côtés : ils accompagnent leurs patients tout au long de leur suivi à distance et interviennent directement lorsque la situation le nécessite, suivant les alertes remontées via la plateforme de télésurveillance.
Aujourd’hui, comment la télésurveillance médicale est-elle présentée aux patients et intégrée dans leurs parcours de soins ?
La situation de chaque patient est évoquée dans le cadre de nos réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). Lors de ces réunions, les équipes médicales décident de l’intérêt d’inclure les patients à la télésurveillance médicale. Dans la grande majorité des cas, leur inclusion est envisagée : les médecins ayant été sensibilisés en amont au déploiement de la solution, ils contribuent activement à cette dynamique d’inclusion.
Lorsque les patients éligibles à la télésurveillance médicale sont ensuite reçus en consultation d’annonce, l’application mobile leur est alors présentée. L’infirmière de soins de support est également impliquée. À l’issue des RCP, elle reçoit les patients et revient sur le déroulement de leur prise en charge. Dans ce cadre, elle les sensibilise et leur remet un flyer Resilience présentant l’application mobile.
À l’issue de ces étapes, tous les patients du service ont connaissance de l’existence de l’application mobile et des deux volets qui la composent : le dispositif de télésurveillance médicale et les questionnaires auxquels ils seront amenés à répondre, ainsi que la bibliothèque de contenus, qui comporte une multitude d’informations (articles, vidéos, programmes de soins de support digitaux, etc.) vouées à les accompagner tout au long de leur prise en charge. Une fois le consentement des patients recueillis, l’infirmière dédiée à la télésurveillance les contacte pour les inclure dans le dispositif médical.
Vous arrive-t-il d’essuyer des refus de la part des patients ? Si oui, pour quelles raisons ?
Nous avons peu de refus de la part des patients : l'identification des patients auxquels nous proposons la télésurveillance repose sur des critères d'éligibilité que nous vérifions en amont de l'initiation à la télésurveillance. À l’échelle du service, tous les patients sont potentiellement éligibles à la télésurveillance médicale. Seuls les patients en situation d'illettrisme et/ou d'illectronisme posent aujourd’hui question. Lorsque nous sommes confrontés à l’un de ces deux cas de figure, nous étudions la possibilité pour le patient de s'appuyer sur un aidant pour accéder et répondre au questionnaire dans l'application. Si cela n’est pas envisageable, la télésurveillance médicale ne lui est pas proposée.
Les seuls refus auxquels nous sommes parfois confrontés concernent les patients qui ne souhaitent pas renseigner des informations personnelles dans l’application, essentielles pour garantir leur suivi à distance. Bien que la solution de télésurveillance médicale Resilience soit certifiée dispositif médical de classe IIa et conforme au RPGD et à la norme ISO27001, certains patients restent frileux à l’idée de donner leur consentement pour le traitement de leurs données.
Une fois les patients inclus, comment les accompagnez-vous dans la prise en main de l’outil ?
Chaque patient inclus bénéficie d’un accompagnement personnalisé au sein du service. Tous sont invités à télécharger l’application sur place lors de leur première venue en cure. L’infirmière dédiée à la télésurveillance leur montre comment procéder, crée leur profil et parcourt avec eux l’application mobile.
Lorsque les patients ont besoin d’explications complémentaires, ils savent qu’ils ont la possibilité de la solliciter. Un bureau est d’ailleurs dédié à leur accompagnement : ils peuvent ainsi nous faire part de leurs questions, découvrir les différentes fonctionnalités de l’application mobile ainsi que les programmes de soins de support digitaux. Par ailleurs, les médecins, la psychologue, l’équipe de soins palliatifs et de la douleur ainsi que les équipes paramédicales jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des patients : lorsque l’un d’eux rencontre une difficulté, ils nous remontent l’information pour que nous puissions intervenir.
De ce que nous observons, les patients prennent rapidement en main la solution et sont ravis de la prise en charge qui leur est proposée. Les chiffres confortent notre ressenti terrain : au cours du second semestre 2024, 70% des patients ont déclaré que Resilience leur apportait un bénéfice significatif dans leurs parcours de soins2, et 92% des patients ont estimé que les informations recueillies via le questionnaire Resilience ont un impact positif sur leur prise en charge2.
La prise en main de la solution constitue-t-elle malgré tout un frein pour certains patients ?
À date, les patients télésuivis semblent adhérer à ce mode de prise en charge : l’interface est très intuitive, ils s’en emparent facilement. Nous sommes même très surpris de constater que nous touchons toutes les tranches d’âge ! Nous avions beaucoup de réserve concernant nos patients les plus âgés et pensions qu’ils seraient réticents à l’usage d’une application, auraient une certaine appréhension vis-à-vis du digital. Nous nous sommes totalement trompés : 61% ont plus de 65 ans et 27% ont plus de 75 ans3.
Par ailleurs, l’accompagnement que nous leur proposons et l’aide de leurs proches leur permettent de se familiariser rapidement avec le dispositif.
Au-delà de l’accompagnement que vous proposez, quels sont selon vous les facteurs d’adhésion des patients à la solution Resilience ?
Les grands principes de la télésurveillance tout comme les ressources mises à disposition des patients via la bibliothèque de contenus disponible dans l’application semblent répondre à leurs besoins.
Les questionnaires de télésurveillance sont adaptés selon le protocole de traitement des patients. Ils peuvent être ajustés à tout moment, suivant l'évolution de la prise en charge du patient (changement de protocole, fréquence d'envoi si l’état de santé du patient est stabilisé, etc.). De plus, la présence de questions ouvertes laisse la possibilité aux patients de s’exprimer librement et de nous partager toutes les informations qui ne pourraient pas être mentionnées dans un autre cadre.
En parallèle, la bibliothèque de contenus est également très consultée : les patients activement télésuivis consultent en moyenne 13 contenus dans l'application. Ces ressources permettent de répondre à une partie de leurs interrogations et les accompagnent tout au long de leur prise en charge. Les programmes de soins de support digitaux - méditation, anxiété, yoga, activité physique adaptée - sont par exemple utilisés. Actuellement, 38 patients1 suivent un ou plusieurs de ces programmes. En complément des soins de support proposés sur place par nos équipes, ces derniers permettent de travailler la respiration, la cohérence cardiaque, ou encore de bénéficier d’un accompagnement psychologique qui a un impact perceptible en interne : on ressent moins d’anxiété et de stress chez les patients. D’ailleurs, lorsque la télésurveillance médicale s’achève, nombre d’entre eux demandent à conserver leurs accès à l'application, ce qui est possible avec Resilience.
La télésurveillance médicale est intégrée aux parcours de soins des patients, médecins et soignants semblent sensibles à l’utilisation de ce nouveau mode de prise en charge. Selon vous, dans quelles mesures cela impacte-t-il la relation patient/soignant/médecin ?
La relation patient/soignant/médecin a évolué. Contrairement à l’a priori qui est souvent véhiculé, je pense que le fait de recourir à une solution digitale apporte beaucoup d’humanité dans la relation que l’on entretient avec les patients. Ils ont des interlocuteurs privilégiés dans le cadre de leur télésurveillance et bénéficient d’un suivi régulier, notamment pendant les périodes d’intercure via la transmission de questionnaires hebdomadaires ou bimensuels. La possibilité pour les patients de générer un questionnaire supplémentaire en cas de problème est rassurante, d’autant plus que notre niveau de réactivité est grand : en moyenne, le délai de réponse à la création d’un questionnaire par un patient est de 36 minutes1 ! Les patients savent qu’ils seront rappelés rapidement par un professionnel de santé s’ils nous remontent un problème, et s’éviteront ainsi potentiellement une venue aux urgences.
La dynamique de la relation que l’on entretient a changé. Les équipes médicales et infirmières échangent toujours beaucoup avec les patients par téléphone. Mais nous, professionnels de santé, sommes plus souvent à l’initiative de ces appels, notamment dans le cadre des réponses que l’on apporte aux patients qui créent de nouveaux questionnaires ou lorsqu’une alerte est remontée.
De mon point de vue, la télésurveillance médicale permet la création d’un canal de communication supplémentaire, et le fait d’interagir régulièrement par ce biais renforce le lien entre patients, soignants et médecins.
Du point de vue des professionnels de santé, comment l’arrivée de la télésurveillance médicale a-t-elle été perçue ? Le fait de recourir à une solution digitale a-t-il été un frein ?
Au lancement du projet, quelques professionnels de santé se sont montrés réfractaires à sa mise en place. Pour autant, je ne pense pas cela soit dû à sa dimension digitale. L’arrivée d’un nouvel outil - quel qu’il soit - s’accompagne nécessairement d’un certain nombre de changements, voire d’une réorganisation, ce qui peut générer des inquiétudes. Les porteurs de projet ont alors un rôle primordial à jouer pour rassurer les équipes et accompagner la conduite du changement.
À ce titre, nous avons longuement réfléchi en amont avec l’équipe Resilience à la façon dont l’arrivée de la télésurveillance médicale allait impacter l’organisation du service. Nous nous sommes également penchés sur la manière dont elle serait intégrée aux parcours de soins des patients. Des réunions et des ateliers dédiés nous ont permis de mener ces réflexions de façon collective. Resilience est ensuite venue présenter le dispositif aux professionnels de santé. Cette étape a été clé : elle a notamment permis d’obtenir leur adhésion au projet.
Une fois la solution déployée, les inquiétudes exprimées en amont du lancement ont complètement disparu. Le fait de voir la solution en action a rassuré tout le monde. Les résultats obtenus y ont également contribué : nous avons rapidement dépassé les estimations d’inclusion de patients qui avaient été faites.
Aujourd'hui, l'activité de télésurveillance en oncologie rayonne au sein de l'établissement. Le service communication initie avec Resilience des actions qui permettent de mettre en lumière les avancées de la télésurveillance médicale, via la rédaction de communiqués et de publications sur les réseaux. En parallèle, Resilience entretient un lien étroit avec notre service qualité et lui partage les résultats des questionnaires de satisfaction envoyés aux patients, et les résultats aux questionnaires de qualité de vie QLQ-C304 pourront sous peu être également transmis. En parallèle, des projets sont en cours avec les oncologues de l’établissement, l’objectif étant à terme de pouvoir étendre la télésurveillance médicale avec Resilience à toutes les pathologies, à l’instar de ce qui a été mis en place avec une solution tierce pour nos patients atteints de diabète.
Quelle organisation a été mise en place afin d’assurer une coordination fluide à l’échelle du service ?
Pour nous, l’enjeu était double : personne ne devait être pénalisé par l’arrivée de la télésurveillance médicale dans le service. Il était nécessaire de trouver une organisation qui permette d’éviter une charge de travail supplémentaire pour les équipes, tout en s’assurant que les informations collectées dans ce cadre soient portées à la connaissance de tous.
Nous avons donc mis en place une organisation qui permette de répondre à ces deux enjeux. L’infirmière dédiée à la télésurveillance, l’infirmier de coordination et moi-même disposons d’un numéro de téléphone individuel. Ces numéros sont communiqués aux patients, ce qui nous permet d’être en relation directe avec eux. Les patients connaissent notre fonctionnement, savent qui appeler et à quel moment.
Concernant le partage des informations, tous les rapports de santé liés à l'activité de télésurveillance sont intégrés au Dossier Patient Informatisé (DPI) afin que tous les professionnels de santé disposent des informations nécessaires dans le cadre de la prise en charge globale de chaque patient. Lorsqu’un patient nous appelle, nous l’invitons systématiquement à répondre au questionnaire de télésurveillance pour renseigner son état de santé et ses éventuels symptômes afin d’assurer la traçabilité des informations communiquées par téléphone. Pour éviter la retranscription manuelle des données collectées dans le cadre de la télésurveillance médicale, nous travaillons avec Resilience à la mise en place de l’interopérabilité entre Resilience et QCare pour que ces données puissent à terme transiter automatiquement vers le DPI.
Quel a été l’impact du déploiement de la télésurveillance dans le service d’un point de vue organisationnel ?
Notre principal enjeu en amont du projet consistait à intégrer la solution dans une logique de convergence et de fluidité des usages. Nous recourions d’ores et déjà à de nombreux outils au quotidien, il fallait s’assurer qu’aucun outil ne vienne empiéter sur l’usage d’un autre. Il était donc nécessaire de repenser le circuit de prise en charge en y intégrant la télésurveillance médicale. Aujourd’hui, nous y sommes parvenus et je pense qu’avec encore davantage de recul, nous pourrions de nouveau optimiser notre parcours de prise en charge. Le fait d’engager ce travail nous a énormément aidé, notamment concernant la planification des tâches. Cela nous a également permis de redéfinir le rôle de chacun à l’échelle du service, de mettre en lumière les missions des uns des autres, et de créer du lien entre les métiers.
Aujourd’hui, dans le cadre du déploiement de la télésurveillance, les infirmiers sont parfois détachés pour observer la façon dont les activités qui y sont associées sont prises en charge. Ils découvrent ainsi les missions de chacun dans ce cadre, mais ont également un aperçu plus concret du travail que nous réalisons au quotidien. Le travail de réorganisation qui a été mené a permis de créer des ponts entre certaines professions.
À l’échelle du service, l’arrivée de la télésurveillance et la nécessité de revoir notre organisation a eu un impact positif : cela nous a permis de nous inscrire dans une démarche qui facilite la compréhension des rôles et périmètres d’action de chacun, tout en fluidifiant les échanges. Le fait de questionner les protocoles en place dans le cadre de ce travail de réorganisation a également permis de mettre en exergue certaines problématiques du service, et de réfléchir à la façon dont elles pouvaient être résolues. Aujourd’hui, nous travaillons à la création d’arbres décisionnels propres au service pour améliorer la prise en charge et les protocoles en place.
Quel conseil donneriez-vous aux professionnels de santé qui s’apprêtent à adopter une solution de télésurveillance médicale ?
Présenter la solution aux équipes, tenir compte de leurs retours et les impliquer dans le projet permet de définir des processus et une organisation qui favorisent le bon déploiement de la télésurveillance médicale. Les porteurs de projet ont à ce titre une grande responsabilité : celle d’impulser une dynamique visant à sensibiliser les professionnels de santé à la télésurveillance médicale et à démontrer les enjeux qu’elle recouvre, tout en accompagnant la conduite du changement. Pour cela, il est nécessaire d’anticiper et d’évaluer l’impact de l’arrivée d’un nouvel outil, pour les équipes du service comme pour les patients.
À ce titre, la communication qui est faite autour du projet à l’échelle du service est selon moi un facteur décisif. Elle est garante du déploiement optimal de ce mode de prise en charge : afin que son adoption se fasse dans les meilleures conditions, toutes les parties prenantes du projet doivent être convaincues de l’intérêt d’y recourir !
1Données basées sur les retours de l’HôpitalEuropéen Marseille, septembre 2024.
2Données issues des enquêtes de satisfaction envoyées aux patients, juillet 2024.
3Données basées sur les retours de l’Hôpital Européen Marseille, septembre 2024.
4 Questionnaire général de qualité de vie spécifique de la maladie cancéreuse, le QLQ-C30 s’adresse à tous les patients atteints de cancer et permet d’évaluer 15 dimensions de qualité de vie.
Comment intégrer la télésurveillance au nouvel environnement numérique du Groupement Hospitalier de Territoire Saône-et-Loire Bresse Morvan et faire de la donnée biomédicale une ressource partagée de façon sécurisée, au bénéfice des patient.e.s et des soignant.e.s ?
Depuis février 2024, le CH William Morey recourt à la télésurveillance médicale en oncologie avec Resilience. Intégré au Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) Saône-et-Loire Bresse Morvan, cet établissement pilote expérimente la nouvelle infrastructure numérique du GHT qui sera bientôt déployée au sein de ses établissements.
Laurent Rathouis, ingénieur biomédical au sein de la Direction des Technologies de la Santé, de l’Innovation et de l’Ingénierie Biomédicale et Clinique, nous livre ici son précieux témoignage relatif à l’implémentation de la solution Resilience. De son intégration à son déploiement, il nous invite à découvrir la posture adoptée par le GHT en termes d’interopérabilité.
Conformité, sécurité, expérience utilisateur, mobilité, réutilisation des données de santé, agilité : l’interopérabilité est partout ! Découvrons quels sont les enjeux à adresser pour permettre le déploiement fluide d’une nouvelle solution à l’échelle d’un GHT, au regard du nouvel environnement numérique que le Groupe s’apprête à déployer.
En tant que chef de projet, quel est votre rôle et quelles sont vos missions dans le cadre de l’implémentation d’une solution telle que Resilience ?
Mon rôle consiste à coordonner le projet et à accompagner l’implémentation de l’outil. Cela nécessite d’avoir une vision globale et transversale du projet pour s’assurer que tout se déroule bien, à tous les niveaux.
J’exerce une mission support : par conséquent, mon objectif premier dans le cadre de ce type de projet est de servir les intérêts des soignants. Ma priorité est donc d’identifier leurs besoins, et en parallèle de vérifier un certain nombre de prérequis. La première question que je me pose est la suivante : quel est le besoin médical identifié ? En l’occurrence, dans le cas de la télésurveillance médicale en oncologie, les médecins ont été moteurs : ce sont eux qui nous ont sollicités pour nous partager leur besoin.
Une fois ce besoin recensé, une veille technologique est réalisée pour étudier les différentes solutions disponibles sur le marché. Or, nous connaissions l’existence de Resilience et suivions l’activité de l’entreprise de près depuis début 2023. Nous savions que Resilience serait probablement la première solution de télésurveillance médicale à obtenir le remboursement. Auquel cas cela signifierait que le dispositif médical aurait été soumis à un certain nombre de contrôles en amont. Par conséquent, lorsque Resilience a obtenu l’avis favorable de la HAS pour l’inscription en nom de marque de sa solution sur la Liste des Activités de Télésurveillance Médicale (LATM), notre intérêt s’est confirmé.
Une fois qu’une solution est présélectionnée, qui acte le fait d’y recourir ? Quels facteurs sont pris en compte ?
La solution est présentée à ses potentiels utilisateurs afin qu’ils puissent l’étudier et s’assurer que celle-ci répond bien à leurs attentes. Dans le cadre d’un projet d’implémentation d’une solution de télésurveillance médicale, impliquer les équipes soignantes est indispensable : ils seront, avec les patients, les utilisateurs finaux de l’outil.
La solution proposée doit non seulement répondre à leurs besoins, mais également être facile à prendre en main. Une attention est également portée à la notion de mobilité : tout soignant doit pouvoir disposer de l’outil à la fois sur son poste, son téléphone et/ou sa tablette. De fait, nous travaillons en étroite collaboration avec les équipes métiers, que sont ici les équipes médicales, afin de s’assurer que ce nouveau service s’intègrera à leur quotidien dans une logique de simplification des usages. En effet, s’il est courant de recourir à une application pour un usage donné, cela n’est pas sans conséquence : peu à peu, applications et usages se démultiplient, identifiants et mots de passe aussi ! Envisager le recours à un nouvel outil, c’est aussi questionner son contexte et ses modalités d’utilisation pour s’inscrire autant que possible dans une démarche de convergence d’usages.
En parallèle, nous nous assurons que la solution est sécurisée, qu’elle se conforme aux politiques de sécurité du GHT ainsi qu’aux réglementations en vigueur. À ce titre, le RSSI procède à une évaluation de la conformité et réalise un audit de sécurité. Se pose ensuite la question de l’interopérabilité.
Comment la question de l’intéropérabilité a-t-elle été abordée dans le cadre de l’implémentation de la solution Resilience ?
L’interopérabilité constitue un prérequis important : il s’agit d’évaluer la capacité de différents logiciels ou applications à communiquer entre eux, via la transmission, le partage et l’intégration d’informations, de façon sécurisée. Dans notre cas, cette question est abordée sous différents angles. Tout d’abord, l’outil choisi doit être interopérable avec nos autres outils métiers, et notamment CPage pour la partie identité patient, suivi, et facturation, et Easily pour le dossier patient. En outre, nous étudions également la capacité du nouveau service à s’interopérer avec notre concentrateur de données cliniques, actuellement en cours de déploiement.
En tant que GHT, notre ambition aujourd’hui est de déployer des approches pérennes applicables à l’ensemble des établissements que nous couvrons. De fait, la question de l’interopérabilité s’inscrit pour nous dans un contexte plus large, au regard des travaux que nous menons pour bâtir notre infrastructure numérique, à l’échelle de plusieurs établissements. Envisager l’intégration de nouveaux outils dans un environnement commun à tous les établissements constitue un prérequis essentiel.
Et, bien entendu, l’interopérabilité doit pouvoir être assurée dans le respect des politiques de sécurité à l’œuvre au sein du GHT.
Vous évoquez la conduite de travaux relatifs à l’infrastructure numérique du GHT, pouvez-vous nous en dire davantage ?
Nous sommes en train de revoir notre infrastructure numérique de façon à sécuriser nos Systèmes d’Information (SI) et à structurer l'ensemble des données biomédicales recueillies, soit les données patients. À date, la création de flux pour faciliter le traitement des données et la mise en place d’un concentrateur de données cliniques par lequel tous les flux médicaux passeraient est en cours. Une fois le projet abouti, toutes les données de santé produites transiteront vers ce concentrateur et la présence de redondances permettra de sécuriser l'ensemble de l'infrastructure.
Pour le moment, beaucoup de choses ont pu être déployées et testées au sein du CH William Morey, notre établissement support. S’assurer que Resilience s’intègre bien au sein de ce nouvel environnement déployé à l’échelle de l’établissement était par conséquent primordial.
Pensez-vous que cette restructuration et cette réflexion relatives à l’intéropérabilité soient également à l’œuvre au sein d’autres établissements ou groupes d’établissements ?
Les enjeux que recouvre le sujet de l’interopérabilité sont multiples et le sujet peut être abordé différemment d’un établissement à l’autre. Pour autant, je ne pense pas que nous soyons les seuls à nous poser la question de l’interopérabilité en ces termes. Je ne crois pas me tromper en disant que l’infrastructure numérique de la majorité des établissements de santé français est en pleine mutation. Cette transformation est opérée pour des raisons de sécurité notamment, mais également par souci d’agilité.
Une transition de cette envergure constitue une excellente opportunité pour les établissements de simplifier nombre d’opérations de traitement des données, faciliter l’usage des différents outils auxquels recourent les professionnels de santé… Mais aussi de libérer le potentiel des données biomédicales ! Les mutations à l’œuvre sont considérables et nécessitent un effort collectif important. Considérer et évaluer l’interopérabilité d’un nouvel outil au regard de sa nouvelle infrastructure et de son nouvel environnement en devenir permet de capitaliser sur cet effort tout en s'inscrivant dans une démarche pérenne.
À ce titre, nous ne sommes probablement pas les seuls à aborder la question de l’interopérabilité dans une perspective de refonte de l’infrastructure numérique : d’autres établissements et groupements hospitaliers sont sans aucun doute sensibles à cette approche.
En termes d’interopérabilité des données, qu’avez-vous pu mettre en place avec les équipes de Resilience ?
En termes d’interopérabilité des données, notre objectif est de disposer de données structurées qui pourront être intégrées à nos systèmes. C’est tout l’objet du travail qui est mené avec Lifen notamment, partenaire de Resilience.
Un espace tampon a tout d’abord été créé pour permettre des interactions avec notre Gestion Administrative du Malade (GAM) CPage. Deux connecteurs ont ensuite été mis en place pour permettre la création de deux flux :
- Le flux ADT (Admission Discharge, Transfer), qui nous permet de relayer les informations relatives à l’identité patient auprès de Resilience, tels que des éléments portant sur les admissions, les sorties et les transferts des patients. Ce flux permet ainsi le partage d’informations précieuses relatives aux parcours des patients, et utiles dans le cadre de l’inclusion des patients à la télésurveillance médicale. La mise en place de ce flux s’est révélée assez simple puisque nous avions d’ores et déjà adopté une politique qui visait à créer un IPP (Identifiant Permanent du Patient) commun à l’ensemble du GHT.
- Le flux ORU (Observation, Result, Unsolicited), qui permet à Resilience de nous transmettre les rapports et suivis patients qui transitent via notre EAI (Enterprise Application Integration) biomédical pour ensuite être renvoyés vers notre concentrateur de données cliniques. À date, la mise en place de ce flux est en phase de test.
Pour mener à bien l’implémentation de la solution et mettre en place l’interopérabilité, un planning a été mis en place par les équipes de Resilience en concertation avec les nôtres. Nous avons été très bien accompagnés sur toute la gestion de projet : notre référent projet Resilience est venu en immersion au sein de l’établissement. Les équipes se sont senties accompagnées et il est évident que cela contribue à la réussite de ce type de projet.
Pour le moment, nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières dans la mise en place de l’interopérabilité avec la solution. L’accompagnement dont nous avons bénéficié de la part des équipes a permis une implémentation rapide et efficace et tout se déroule parfaitement bien jusqu’ici. Nous avons hâte de poursuivre ces travaux pour mettre en place le flux ORU et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin : notre objectif à terme est de pouvoir également automatiser la facturation.
Au-delà de l’angle technique, la notion d’interopérabilité adresse également des enjeux qui impactent l’expérience utilisateur, dont la simplification des usages et la mobilité. Quel lien faites-vous entre l’interopérabilité et ces deux aspects ?
L’implémentation d’un nouveau service nécessite la mise en place de l’interopérabilité pour une multitude de raisons. L’expérience utilisateur proposée, et plus spécifiquement la capacité à simplifier les usages et permettre la mobilité des utilisateurs découlent de ce qui est mis en place du point de vue de l’interopérabilité. À l’échelle du GHT par exemple, nous recourons à un répertoire unique - en l’occurrence Active Directory - qui permettra le déploiement du SSO (Single Sign-On). Via la définition d’un profil utilisateur pour un environnement de travail donné et la mise en place d’une double authentification, l’utilisateur pourra prochainement s’identifier et se connecter de façon sécurisée, rapidement et simplement, à l’aide de sa Carte Professionnel de Santé (CPS), où qu’il soit et quel que soit le support sur lequel il se connecte.
L’enjeu en termes d’interopérabilité est ici de permettre à l’utilisateur de disposer de l’outil et de toutes les fonctionnalités associées quel que soit son contexte de connexion. Cela implique le fait que la solution ait été pensée en amont pour être utilisée de cette manière d’un point de vue de l’expérience utilisateur. Et, bien entendu, que l’ensemble des prérequis et contraintes techniques relatifs à l’interopérabilité aient été traités, pour permettre de délivrer le service.
De fait, l’interopérabilité est une notion aux multiples facettes qui nous concerne tous, même si elle est invisibilisée pour la majeure partie des utilisateurs d’une solution. Pour autant, la disponibilité du service et la qualité du service offert aux utilisateurs finaux dépendent de la capacité des équipes informatiques à traiter la question de l’interopérabilité dans sa globalité. La difficulté majeure lorsqu’on intègre un nouveau service à son parc informatique est précisément celle-là : comment fournir un service aux utilisateurs finaux qui soit simple à l’usage, disponible en toutes circonstances ? Le tout, en respectant un impératif évident : se conformer aux politiques de conformité et de sécurité dont on dépend.
Quel conseil donneriez-vous aux établissements de santé qui envisagent l’implémentation de la solution Resilience ?
La télésurveillance permet de créer du lien avec les patients, c’est une manière pour eux d’avoir un contact privilégié avec les médecins et les infirmières, et cela les sécurise. Par ailleurs, cela permet un maillage territorial qui est clairement nécessaire, d’autant plus lorsqu’on est implanté en zone rurale.
Bien entendu, se lancer implique d’être accompagné par une entreprise qui maîtrise le sujet. Monter une équipe pluridisciplinaire est une approche à privilégier pour mobiliser tous les interlocuteurs nécessaires à la bonne conduite du projet. Il est donc nécessaire de travailler en étroite collaboration avec les équipes médicales, mais également avec les équipes mobilisées sur l’aspect informatique et biomédical. Cela permet de s’assurer dans le même temps que la solution répond aux besoins métiers, qu’elle se conforme aux réglementations de sécurité et de conformité en vigueur, et qu’elle est interopérable avec l’environnement numérique de l’établissement.
Une fois ces prérequis validés, le déploiement de la solution peut être effectué et relève somme toute, d’une conduite de projet tout à fait classique !
Inclusion des patients, gestion des alertes : quelle organisation mettre en place pour consacrer du temps aux activités associées à la télésurveillance ? Catherine Guillemain, cadre de santé à la Polyclinique de Limoges nous livre son retour d'expérience.
Fin 2023, alors que la mise en place de la télésurveillance médicale à l’hôpital de jour de la Polyclinique de Limoges est initiée, Resilience obtient l’avis favorable de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour l’inscription en nom de marque de son dispositif médical de classe IIa sur la Liste des Activités de Télésurveillance Médicale (LATM).
Le déploiement de la plateforme de télésurveillance médicale Resilience au sein de l’établissement s’accélère, et face à la croissance rapide de la file active de patients télésuivis, la nécessité de dégager du temps dédié émerge. La création d’un nouveau poste infirmier est alors envisagée. La mise en place de la facturation et du remboursement des actes de télésurveillance médicale permet à la direction de la Polyclinique de Limoges de financer la création de ce nouvel Équivalent Temps Plein (ETP) dédié au soin. Les infirmières ont ainsi la possibilité de dédier du temps aux activités associées à la télésurveillance, et notamment à l’inclusion des patients et à la gestion des alertes remontées dans la plateforme.
Catherine Guillemain, Cadre de Santé à la Polyclinique de Limoges, a accepté de partager avec nous son retour d’expérience. Du déploiement de la télésurveillance à la mise en place d’une nouvelle organisation, elle revient avec nous sur les étapes clés du projet. Merci à elle pour son précieux témoignage !
La solution Resilience est mise en place au sein de l’hôpital de jour depuis octobre 2023. Quels étaient les enjeux identifiés au lancement du projet ?
À l’origine, la volonté de recourir à une solution de télésurveillance médicale émanait des médecins du service. Le déploiement de la solution Resilience a été envisagé dans un premier temps pour disposer de capacités de surveillance accrues et optimiser le suivi des patients. Par ailleurs, son adoption permettait de proposer aux patients une offre de soins plus étendue, plus complète.
Au lancement du projet, les médecins ont été les premiers interlocuteurs de Resilience. Ils ont piloté une première phase de test au cours de laquelle les infirmières ont été impliquées et ont pu tester la plateforme en parallèle de leurs activités de suivi classique des patients.
Quelles problématiques ont été mises en lumière au cours du déploiement de la solution ? Comment y avez-vous répondu ?
Dès le lancement, les oncologues ont prescrit la télésurveillance à un grand nombre de patients de leur file active. Cela a mis en lumière la nécessité de cadrer davantage la démarche, de réfléchir à l’organisation que nous devions mettre en place pour porter le projet et déployer la solution sans surcharger les équipes. Il est apparu primordial de repenser globalement le déploiement de la solution à l’échelle du service pour qu’il opère dans les meilleures conditions possibles.
Nous avons mis en place des groupes de travail avec les infirmières et les médecins impliqués dans le projet pour redéfinir les pathologies et le profil des patients à cibler en priorité. Cela nous a permis de restructurer cette première phase de déploiement et de nous concentrer sur le périmètre identifié afin de pouvoir proposer la télésurveillance à tous les patients concernés.
Pour quelles raisons la création d’un nouveau poste infirmier a-t-elle été envisagée ?
La création d’un poste infirmier a été pensée pour permettre le détachement d’une infirmière chaque jour de la semaine sur des activités associées à la télésurveillance médicale, telles que l’inclusion des patients et le traitement des alertes.
En effet, ces activités demandent du temps. Or, les équipes infirmières faisaient d’ores et déjà un travail de suivi des patients soutenu, et leur charge de travail quotidienne était - et demeure - très dense. Afin que les activités relatives à la télésurveillance ne se fassent pas au détriment d’autres activités liées au soin dont les équipes infirmières ont la charge, la création d’un Équivalent Temps Plein était incontournable. Cela permettait d’intégrer la télésurveillance médicale au quotidien des équipes de façon pérenne et pertinente. Encore fallait-il pouvoir financer la création de cet ETP !
Quand et comment cette création de poste a-t-elle pu se concrétiser ?
L’entrée de la télésurveillance médicale dans le droit commun et la mise en place de son remboursement ont été des facteurs décisifs. La direction a étudié l’opportunité de financement que constituait le remboursement de la télésurveillance médicale en oncologie. Dans le même temps, Resilience a obtenu l’avis favorable de la Haute Autorité de Santé pour l’inscription en nom de marque de sa solution sur la Liste des Activités de Télésurveillance Médicale (LATM) et est devenue la première solution de télésurveillance en oncologie à obtenir un remboursement pérenne. La création de poste a ainsi pu être actée.
Nous disposons de ce nouvel ETP depuis janvier 2024, c’est très récent. Aujourd’hui, cela permet aux infirmières impliquées dans le projet de dégager du temps pour s’y consacrer.
À date, comment la télésurveillance médicale est intégrée au parcours de soins des patients à l’échelle de votre service ?
Les infirmières sont au cœur de cette organisation. Détachées à tour de rôle, elles ciblent les patients à inclure, leur expliquent le fonctionnement de la télésurveillance médicale, les accompagnent dans leurs premiers pas sur Resilience, et assurent ensuite le suivi des alertes. Au préalable, les oncologues donnent bien entendu leur accord pour prescrire la télésurveillance à tous les patients qui répondent aux critères d’inclusion préalablement définis.
Les modalités de mise en place de la télésurveillance s'adaptent à chaque parcours de soin, selon le traitement du patient et son mode d'administration. Pour les patients sous traitement intraveineux, la télésurveillance leur est présentée lors de la consultation d’annonce paramédicale ou lors de leur venue en première cure. Dans le cadre des thérapies orales, les patients sont vus au cours d’une première consultation pour présenter le programme d’éducation thérapeutique. C’est la plupart du temps à l’occasion de ce diagnostic éducatif que les infirmières évoquent la possibilité de mettre en place la télésurveillance. Dès que le patient est inclus, une prescription médicale est générée et adressée au médecin référent pour signature électronique, via un mode opératoire sécurisé.
Nous avons encore peu de recul sur cette nouvelle organisation. Néanmoins, je peux dire que nous en sommes satisfaits à date. Nous réfléchissons actuellement à réévaluer le temps dédié à l’inclusion des patients et la gestion des alertes : il semble que ces activités ne nécessitent pas de mobiliser en permanence une infirmière à temps plein.
Quel a été le rôle de Resilience du lancement du projet à son déploiement ?
L’équipe nous a très bien accompagnés au cours des différentes étapes nécessaires à la mise en œuvre de la télésurveillance médicale. Plusieurs ateliers ont été menés avec les équipes, de l’implémentation au déploiement de la solution jusqu’à la prise en main de l’outil. D’un point de vue administratif, elle a également contribué à la mise en place de la facturation et du remboursement. Aujourd'hui, l’équipe est toujours à nos côtés pour suivre le déploiement de la solution, recueillir nos besoins et répondre à nos questions. Nous échangeons au cours d’une réunion mensuelle qui nous permet de faire le point sur la situation et suivre de près les avancées du projet.
Aujourd’hui quels impacts observez-vous sur les patients et les équipes soignantes ?
La télésurveillance médicale et l’organisation mise en place permettent de procurer aux patients un sentiment de sécurité supplémentaire : ils savent que quelqu'un pourra réagir rapidement en cas de problème, notamment en cas d’apparition d’effets secondaires liés au traitement. Et ce, sans avoir à contacter directement le service. Le fait de remplir régulièrement un questionnaire générant des alertes en cas de problème les rassure. Les infirmières peuvent prendre contact directement, et c’est un soulagement pour eux. D’un point de vue infirmier, on observe notamment une baisse du nombre d’appels des patients, ce qui permet de soulager les infirmières.1
Quel conseil donneriez-vous aux professionnels de santé qui envisagent de mettre en place la télésurveillance médicale en oncologie au sein de leur établissement ?
Selon moi, deux aspects majeurs sont à prendre en compte lorsqu’on s’apprête à implémenter une solution de télésurveillance médicale. Tout d’abord, l’implémentation comme le déploiement de la télésurveillance s’envisage comme un projet collectif à l’échelle du service, voire de l’établissement. Celui-ci implique une diversité d’acteurs. Les équipes médicales, initiatrices et porteuses du projet, la direction, dont le soutien est indispensable, et, bien entendu, les équipes infirmières, qui jouent un rôle clé dans le déploiement de la solution auprès des patients au quotidien. La mise en œuvre de la télésurveillance médicale implique un effort collectif, et nécessite un alignement entre ces différents acteurs pour que la démarche puisse aboutir et se pérenniser.
Cette réflexion et ce travail de concertation permettent également de faciliter la mise en place de la télésurveillance médicale d’un point de vue organisationnel, qui est selon moi le second enjeu majeur à prendre en compte. Nous l’avons évoqué : les équipes infirmières sont bien souvent placées au cœur du dispositif. Au-delà de la nécessité de recueillir leur adhésion au projet et de les accompagner dans la prise en main de l’outil, il est indispensable d’anticiper la façon dont les activités associées à la télésurveillance médicale vont venir impacter leur quotidien. Il est à ce titre primordial d’évaluer le temps qui devra y être consacré et d’anticiper les aménagements nécessaires au regard de l’organisation déjà en place. Et, si le temps manque, il faudra trouver des solutions pour permettre de dégager du temps dédié. Cette donne est à mon sens essentielle pour bénéficier de tout le potentiel de la télésurveillance médicale, pour l’intégrer dans les parcours de soins et en faire un véritable atout pour la prise en charge des patients.
1Données issues des enquêtes de satisfaction envoyées aux patients de la Polyclinique de Limoges - 02/24
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